samedi 23 février 2013

Histoire de chiens 2

Dans la vie, on fait plein d'essais. C'est comme ça qu'on a des réussites et qu'on fait des découvertes mais inévitablement certains finissent par des échecs. Le truc c'est de prendre les décisions du mieux qu'on peut et de prendre les échecs comme des leçons qui nous aident à progresser et à mieux faire la prochaine fois... Plus facile à dire qu'à faire!

Quand on a choisi Schatzie, notre teckel miniature, en 2004, les critères étaient assez simples puisque qu'on était jeunes et sans enfants. On a pris notre temps, on a fait beaucoup de recherches, on a choisi une race et un éleveur avec minutie. Et le résultat a été une réussite incroyable. Quand on a choisi Kimura la shiba inu en 2012, par contre, on avait des critères plus strictes et on a fait ça trop vite et sur le coup du choc de la mort de Schatzie. On a mal choisi et la race et l'éleveur et ça a été un échec retentissant... euh, je veux dire une leçon précieuse!

Après des mois de travail avec Kimura, il a fallu qu'on admette que la situation n'était bonne pour personne et qu'on prenne la difficile décision de lui trouver un autre foyer qui lui conviendrait mieux. Tout chien a les défauts de ses qualités, mais notre problème principal et celui qui s'est finalement montré insurmontable, c'était de faire comprendre à Kimura la hiérarchie familiale et lui faire accepter que Cédric était un maître et non un autre chiot, Cédric étant plus ou moins non-verbal et incapable de démontrer sa "dominance" sur elle.
Donc à la fin janvier, nous nous sommes séparés de Kimura. La décision a été très difficile à prendre. Je me suis sentie coupable d'avoir fait le mauvais choix à la base, de ne pas avoir fait plus pour améliorer la situation et d'avoir fait subir une autre séparation à Cédric. Je me suis aussi sentie lâche de ne pas essayer plus longtemps et d'abandonner, triste de perdre cette petite bête adorable et lui faire subir à elle aussi une séparation et un changement important et triste de me retrouver sans chien (pour moi et Dave mais aussi pour Cédric).

Je voulais absolument avoir un chien, parce que je les adore, mais aussi pour tenir compagnie à Cédric qui n'a pas de frère ou sœur. Mais je me suis promis (et j'ai promis à Dave) de ne pas refaire la même erreur, de ne pas prendre de décision trop rapide et de tout faire pour que le prochain essai soit une réussite.

C'est un hasard intéressant qu'en automne, Dave ait entendu parlé des chiens de service pour enfants autistes!
Après de recherches sur le sujet, on considérait cette option avant même de décider de se séparer de Kimura. Les avantages rapportés par les professionnels, les études et les familles qui en ont sont incroyables! Un chien de service apporte:
- une sécurité accrue: on peut attacher l'enfant au chien avec une ceinture spéciale ce qui permet d'éviter qu'il traverse la rue sans regarder, qu'il se perde au centre commercial ou qu'il saute dans un lac ou rivière;
- une plus grande indépendance: pour la même raison qu'au dessus, on peut laisser l'enfant marcher un peu plus loin avec son chien, sans être toujours accroché à lui;
- plus de socialisation: la sécurité et l'indépendance permettent plus de sorties donc plus d'occasions de rencontrer des gens et la présence du chien est réconfortante et rend le contact social moins effrayant;
- moins d'hyperactivité: pour une raison ou une autre, la présence de ces chiens calme les enfants;
- un sommeil plus sain,: pour les mêmes raisons (métaphysiques : ) ) le chien, surtout s'il dort avec l'enfant, aide à réguler le sommeil;
- une réduction du stress: chez l'enfant et chez leurs parents, les études montrent que les taux d'hormones reliées au stress descendent de façon significatives après l'acquisition d'un chien de service;
- une aide pour les besoins sensoriels: l'enfant peut caresser le chien et lui faire des câlins et certains chiens se couchent même sur les enfant pour leur donner de la pression profonde;
- une réduction des crises: le chien ressent le stress avant qu'il ne se manifeste et calme l'enfant ou prévient un parent ou un adulte d'une crise imminente;
- une protection des allergènes alimentaires: le chien peut être entraîné à renifler le gluten ou la caséine et à prévenir les parents de leur présence;
- une amitié incommensurable: bien que le lien prenne parfois du temps à s'établir, dans la majorité des cas, il se crée un attachement incroyable entre le chien et l'enfant, pour certains plus fort qu'avec tout autre personne, y compris les parents, et le nom du chien est parfois un des premiers mots prononcés par un enfant non-verbal.

Je m'arrête là mais j'en oublie sûrement!

Après avoir réalisé tout ça, c'était difficile pour Dave et moi de nous imaginer NE PAS acquérir un chien de service pour Cédric et nous. Mais ça aussi c'est plus facile à dire qu'à faire!

Une option est de choisir un chiot très doux et calme et de le faire soi-même. Certains le font et j'étais très tentée, mais Dave était inquiet du montant de travail que ça représente et de la possibilité d'échec.
La deuxième option est de faire une demande à une des associations caritatives qui en fournissent. Il y a deux associations qui desservent notre petit coin isolé du nord de l'Ontario: National Service Dogs et la Lions Foundation of Canada Guide Dogs.
Il y aussi quelques associations aux USA qui demandent aux postulants de lever des fonds pour financer les chiens avant de pouvoir les obtenir.
Et enfin, il y a des service tout simplement payants.

Bien que cela puisse paraître bizarre au premier abord, on a choisi la dernière solution!
Il y a plusieurs raisons qui ont motivé notre choix:
- l'acceptation a été immédiate: pour les services caritatifs, il faut faire une demande qui peut prendre du temps à être évaluée et résulter à un refus;
- le chien nous appartiendra à part entière: les associations caritatives gardent la possession légale du chien et peuvent le reprendre à n'importe quel moment (je suis sure que c'est rare et justifié quand c'est fait, et je comprends que c'est une précaution nécessaire mais l'idée me dérangeait un peu):
- le chien restera avec nous à la retraite: les associations caritatives peuvent choisir de placer le chien avec quelqu'un d'autre et je trouve l'idée très triste;
- notre formation se fera chez nous: la majorité des services nécessitent un voyage de plusieurs jours, sans l'enfant, pour aller se former tandis qu'avec le service que nous avons choisi, la dresseuse viendra chez nous pour présenter le chien à son nouvel environnement et nous former;
- le chien sera choisi sur mesure: beaucoup de services, dont ceux qui sont gratuits, dressent une grande quantité de chiens et choisissent au moment de la formation le chien qui travaille le mieux avec chaque parent ou famille tandis que dans notre cas, le chien sera choisi pour être adapté à nos besoins (taille, tempérament, etc.) et sera aussi dressé pour les besoins exacts de Cédric;
- et enfin nous pourrons choisir le nom du chien: c'est un aspect trivial mais qui m'importe beaucoup, on ne pourra déjà pas choisir la race, la couleur, le sexe, ... parce que c'est le besoin d'un tempérament précis qui passe avant tout, donc ça nous permettra de nous approprier le chien d'une certaine façon avant même qu'il se joigne à nous (et ça me donne quelque chose à faire en attendant...j'ai déjà une petite liste)!

Nous avons donc choisi le Thames Centre Service Dogs, situé dans le sud de l'Ontario, dont la dresseuse travail avec des chiens depuis longtemps mais a aussi un fils sur le spectre, ce qui l'a motivée à dresser des chiens de services. Elle prend peu de familles à la fois et c'est donc une approche plus personnalisée et plus rapide. Elle travaille aussi avec la Société pour la Prévention de la Cruauté envers les Animaux de l'Ontario locale qui lui permet de faire des analyses de tempérament sur les chiens qui lui semble avoir le potentiel d'être chiens de service et les prendre s'ils ont la personnalité appropriée, et l'idée que le chien de service soit un chien adopté est sympa!

En attendant, nous sommes sans chien... Mais avant que Kimura ne parte, nous avions commencé un cours de dressage avec elle. En discutant avec la prof de notre situation, elle m'a généreusement proposé d'amener Cédric à la fin du cours, pendant que les chiots jouent librement, pour qu'il reste habitué à la présence des chiens et qu'il ait ce contact animal au moins de temps en temps! Je l'en remercie infiniment!

Vu la longueur de cet article, je vous parlerai du coût et du financement de notre chien de service une prochaine fois!